Quarante-trois

Combien de jours et de nuits avaient passé ? Honnêtement, elle n’en savait rien. Le courrier s’empilait sur la table de l’entrée. Le téléphone sonnait en vain.

— Mais qui es-tu ? Au commencement, qui es-tu ?

— Ce genre de questions ne signifie rien pour moi. Je peux être ce que tu veux que je sois.

— Cela ne suffit pas.

— Ce que j’étais ? Un fantôme et cela me satisfaisait pleinement. J’ignore d’où m’est venue la capacité d’aimer Suzanne. Elle pleurait quand on l’a traînée sur le bûcher. Elle ne pouvait croire ce qu’on allait lui faire. Elle n’était qu’une enfant, ma Suzanne, elle ignorait le mal dont l’homme était capable. Et ma Deborah a été obligée de regarder. Et si j’avais provoqué une tornade, on les aurait brûlées toutes les deux.

« Qui je suis ? Celui qui a été le seul à pleurer Suzanne. Celui qui a tant souffert quand Deborah, pétrifiée, regardait le corps de sa mère se tordre dans les flammes. Celui qui a vu l’esprit de Suzanne quitter son corps transpercé de douleur. Je l’ai vu monter, libre. J’ai voulu l’attraper alors qu’il avait encore la forme de son corps, pour le pénétrer et le rassembler. Mais l’esprit de Suzanne m’a ignoré, tout comme il ignorait l’enveloppe charnelle vide qui se consumait dans le feu. Il est monté au-dessus de moi et Suzanne a cessé d’exister.

« Qui je suis ? Je suis Lasher, celui qui s’est étendu au-dessus du monde entier, perclus de la douleur d’avoir perdu Suzanne. Je suis Lasher, celui qui s’est rassemblé, qui a déployé son pouvoir comme des tentacules pour dévaster le village de Donnelaith. J’ai pourchassé l’inquisiteur à travers les champs en lui lançant des pierres. Il n’y avait plus personne pour raconter quand j’ai eu terminé. Et ma Deborah était partie avec Petyr Van Abel, vers un avenir de soie, de satin, d’émeraudes et d’hommes voulant peindre son portrait. Je suis Lasher, celui qui a porté le deuil pour la suppliciée et a dispersé ses cendres aux quatre vents.

« J’ai plus appris dans ces vingt jours que pendant l’éternité où j’ai observé les mortels, où je les ai vus se multiplier sur la terre, avec leur esprit ayant émergé de la matière mais piégé en elle, aussi vain qu’un papillon épinglé dans une boîte.

« Qui je suis ? Je suis Lasher, celui qui s’est assis aux pieds de Deborah pour apprendre à se forger un but et obéir aux volontés de Deborah pour qu’elle ne souffre jamais, celui qui a essayé et échoué. Tourne-moi le dos. Fais-le. Le temps n’est rien. J’attendrai qu’une autre vienne, une autre sorcière qui sera aussi puissante que toi. Les êtres humains changent. Leurs rêves sont remplis de ces changements à tenir. Écoute bien ce que dit Michael. Il sait, lui. Plus leur espérance de vie se prolonge, plus les mortels rêvent d’immortalité. Ils se voient libérés de toute entrave. Une autre viendra abolir la barrière entre l’incarné et le désincarné, Rowan. Je deviendrai réel. Je le veux trop pour échouer. Je suis trop patient, trop malin et trop fort.

« Écarte-toi de moi, crains-moi. J’attendrai. Je ne ferai aucun mal à ton précieux Michael. Mais il ne peut pas t’aimer autant que moi parce qu’il ne peut te connaître comme je te connais. Je connais l’intérieur de ton corps et de ton cerveau. Je deviendrai de chair et de sang, une chair surhumaine. Et lorsque ce sera fait, quelle métamorphose pourras-tu connaître, Rowan ? Réfléchis à ce que je te dis.

« J’ai toujours su que la treizième serait la force qui ouvrirait la porte. Ce que je ne vois pas, c’est comment exister sans ton amour. Car je t’ai toujours aimée, j’ai aimé la part de toi qui existait dans les autres avant toi. Je t’ai aimée dans Petyr Van Abel, celui qui te ressemblait le plus. Je t’ai même aimée dans ma douce Deirdre, impuissante, qui rêvait de toi.

Silence.

 

 

Pendant une heure, il n’y eut aucun bruit, pas une vibration dans l’air.

Eugenia était partie. Le téléphone se remit à sonner dans le vide.

Rowan était assise dans la salle à manger, les bras posés sur la table cirée, contemplant le lagerstroemia dénudé, le ciel bleu.

Elle se leva, enfila son manteau rouge et verrouilla la porte derrière elle.

L’air froid du dehors était bon et purifiant. Les feuilles des chênes s’étaient foncées à mesure que l’hiver s’installait et étaient moins nombreuses mais toujours bien vertes.

Elle tourna dans Saint Charles et marcha jusqu’à l’hôtel Pont-chartrain.

Dans le petit bar, Aaron était assis à une table, avec un verre de vin, son carnet de cuir ouvert, un stylo à la main.

Elle se planta devant lui et remarqua sa surprise quand il leva les yeux. Avait-elle les cheveux ébouriffés ? Avait-elle l’air fatiguée ?

— Il sait tout ce que je pense, ce que je sens, ce que j’ai à dire.

— Non, ce n’est pas possible, dit Aaron. Asseyez-vous et racontez-moi.

— Je ne peux pas le contrôler. Je n’arrive pas à le chasser. Je crois… je crois que je l’aime. Il m’a menacée de s’en aller si je vous parle, à vous et à Michael. Mais il ne le fera pas. Il a besoin de moi. Il a besoin que je le voie et que je sois près de lui. Il est malin, mais pas à ce point. Il a besoin de moi pour que je lui donne un but et le rapproche de la vie.

Elle jeta un regard sur le long comptoir du bar et sur le petit homme chauve assis au bout. Un barman anémique, comme tous les barmen du monde, astiquait quelque chose. Des rangées de bouteilles de poison se succédaient. Tout était calme. Éclairage tamisé.

Elle s’assit et regarda Aaron.

— Pourquoi m’avoir menti ? Pourquoi ne pas m’avoir dit que vous étiez là pour l’arrêter ?

— Je ne suis pas venu pour l’arrêter. Je n’ai jamais menti.

— Vous savez qu’il peut devenir réel. Vous savez que c’est son but et votre rôle est de l’en empêcher.

— Je sais ce qu’il y a dans le dossier et rien de plus. Vous en savez autant que moi.

— Oui, mais vous savez que cela s’est déjà produit. Vous savez qu’il y a de par le monde de ces créatures qui ont trouvé la porte.

Pas de réponse.

— Ne l’aidez pas, dit-il enfin.

— Pourquoi ne m’avez-vous rien dit ?

— M’auriez-vous cru si je l’avais fait ? Je ne suis pas venu pour vous raconter des bobards. Ni pour vous endoctriner pour vous faire entrer au Talamasca. Je vous ai transmis les informations que j’avais sur votre vie et votre famille.

Elle ne répondit rien. Il était en train de lui dire une certaine forme de vérité mais lui cachait des choses. Tout le monde lui cachait des choses.

— Cette créature est une colonie géante de cellules microscopiques qui se nourrissent d’air, de la même façon que les éponges se nourrissent de la mer, dévorant des particules si minuscules que le processus se poursuit sans que l’organisme s’en rende seulement compte, pas plus que l’environnement lui-même. Mais tous les éléments fondamentaux de la vie sont là : une structure cellulaire, des acides aminés, de l’ADN et une force organisatrice qui lie le tout et réagit parfaitement à la conscience de la créature qui peut reformer à volonté l’ensemble de l’entité.

Elle s’arrêta, scrutant le regard d’Aaron pour savoir s’il la comprenait. Mais quelle importance ? Elle, elle comprenait, c’était le principal.

— Il n’est pas invisible, reprit-elle. Il est simplement impossible à voir car ses cellules sont trop petites. Mais ce sont des cellules eucaryotes, les mêmes que celles qui constituent votre corps et le mien. Comment a-t-il acquis son intelligence ? Comment pense-t-il ? Je l’ignore de la même façon que l’on ignore comment les cellules d’un embryon savent former des yeux et des doigts.

« Lorsque nous saurons ça, nous comprendrons pourquoi Lasher a un intellect car il est une force similaire sans cerveau discernable. Nous pouvons donc dire qu’il est un précambrien autosuffisant et que sa vie peut durer des milliards d’années. On peut concevoir qu’il a tiré sa connaissance de l’humanité, qu’il s’est nourri de cette énergie et qu’une mutation a créé son esprit.

« On peut également concevoir qu’il est capable d’attirer à lui des structures moléculaires plus complexes quand il se matérialise, qu’il dissout ensuite avant que ses propres cellules soient définitivement liées avec ces particules plus lourdes. Et il accomplit cette dissolution dans un état proche de la panique. Car il redoute une union imparfaite dont il ne pourrait s’affranchir. Mais son désir d’être charnel est si fort qu’il risquerait aujourd’hui n’importe quoi pour devenir anthropomorphique et avoir du sang chaud qui coule dans ses veines.

— Arrêtez-le ! supplia Aaron. Vous savez ce qu’il est, maintenant. Ne le laissez pas prendre une forme humaine.

Elle ne dit rien. Elle regarda la laine rouge de son manteau, soudain étonnée par sa couleur. Elle ne se rappelait même pas l’avoir sorti du placard. Elle avait la clé dans la main mais pas de sac. Seule leur conversation était réelle et elle se rendait compte qu’elle était exténuée et que ses mains et son visage étaient couverts de perles de sueur.

— Il va vous tuer, dit-elle sans le regarder. Je le sais. Il le veut. Je peux le retenir mais qu’est-ce que j’y gagne ? Il sait que je suis ici. (Elle rit et leva les yeux vers les plafonds.) Il est avec nous. Il est partout. Comme Dieu. La seule différence, c’est qu’il n’est pas Dieu.

— Non, il ne sait pas tout. Ne vous laissez pas duper. Reprenez le dossier : il commet bien trop d’erreurs ! Vous vous demandez ce que vous y gagneriez ? Votre amour, votre volonté. Du reste, pourquoi me tuerait-il ? Que puis-je contre lui ? Vous persuader de ne pas l’aider ? Vous êtes bien trop forte pour moi.

— Qu’est-ce qui vous fait croire ça ?

Elle se sentait au bord de l’évanouissement. Il fallait à tout prix sortir d’ici et rentrer dormir. Mais il l’attendait à la maison. Et elle était venue ici pour une bonne raison : mettre Aaron en garde, lui donner une dernière chance.

Mais ce serait si bon de rentrer à la maison et de dormir ! Si seulement ce bébé arrêtait de brailler ! Elle sentait déjà Lasher l’étreindre de ses bras innombrables.

— Rowan, écoutez-moi.

Elle sortit de son rêve.

— Il y a dans le monde entier des êtres humains disposant de pouvoirs extraordinaires mais vous, vous êtes le cas le plus rare car vous avez trouvé comment utiliser votre pouvoir pour faire le bien. Vous guérissez, Rowan. Voulez-vous l’entraîner là-dedans avec vous ? Ou encore, voulez-vous qu’il vous détourne de votre vocation pour toujours ? Va-t-il réussir à vous forcer à concentrer votre pouvoir sur la création d’un mutant dont le monde ne veut pas et qu’il ne pourra supporter ? Détruisez-le, Rowan. Pour vous-même, pas pour moi.

— C’est pour cela qu’il vous tuera, Aaron. Je ne pourrai pas l’en empêcher si vous le provoquez. Mais pourquoi êtes-vous contre tout cela ? Pourquoi m’avoir menti ?

— Je n’ai pas menti. Et vous savez très bien pourquoi cette mutation ne doit pas se produire. Il deviendrait un être sans âme.

— Ne mêlez pas la religion à tout ça, Aaron.

— Rowan, il ne serait pas naturel. Nous ne voulons plus de monstres. Nous sommes suffisamment monstrueux nous-mêmes.

— Il est aussi naturel que nous. C’est ce que j’ai essayé de vous expliquer.

— Mais il serait un monstre, Rowan. Avez-vous vraiment envie de créer un monstre ?

— Votre façon de voir les choses ne regarde que vous. Et s’il ne s’agissait que d’un simple processus, de cellules se multipliant et d’une métamorphose aussi naturelle qu’un fleuve qui modifie son cours en engloutissant terres agricoles, fermes, bétail et population ? Ou qu’une comète s’écrasant sur la terre ?

— N’essayeriez-vous pas de sauver ces gens de la noyade, Rowan ? Ou des brûlures de la comète ? D’accord. Il est naturel. Dans ce cas, disons que nous sommes mieux que naturels, que nous sommes autre chose qu’un simple processus. Notre moralité, notre compassion, notre capacité à aimer et à créer une société ordonnée nous rendent mieux que naturels. Lui n’éprouve aucun intérêt pour cela, Rowan. Regardez ce qu’il a fait à la famille Mayfair.

— Ce sont des bobards moralistes. Vous me décevez. J’espérais que vous m’opposeriez des arguments valables. J’espérais que vous me remonteriez le moral.

— Vous n’avez aucun besoin de mes arguments. Sondez votre âme. Vous savez très bien ce que j’essaie de vous dire. Il n’est qu’un rayon laser qui serait doté d’une ambition. Il est une bombe capable de penser par elle-même. Laissez-le s’incarner et le monde en fera les frais. Vous aurez provoqué un désastre.

Comme il avait l’air frêle ! Pour la première fois, il faisait bien son âge, avec ses rides profondes, ses poches sous les yeux, ses yeux suppliants. Il lui parut soudain si faible. Un vieil homme aux cheveux blancs, les yeux rivés sur elle dans un regard enfantin. Il avait perdu tout son charme.

— Vous n’avez pas l’air de saisir les véritables implications, dit-elle impatiemment.

— Il vous ment. Il a fait main basse sur votre conscience.

— Ne dites pas ça ! ordonna-t-elle. Ce n’est pas courageux de votre part et c’est de la pure stupidité.

Elle se carra dans son siège en essayant de retrouver son calme. Elle avait beaucoup apprécié ce vieillard et, malgré tout, elle ne voulait pas qu’il lui arrive quelque chose.

— Vous ne voyez donc pas la fin inévitable de tout cela ? reprit-elle plus posément. Si la mutation réussit, il pourra se propager. Si les cellules peuvent être greffées et se reproduire dans d’autres corps humains, l’avenir de la race humaine en sera complètement changé. Ce sera la fin de la mort.

— L’éternel rêve de l’humanité, dit Aaron amèrement. L’éternel mensonge.

— Votre attitude moralisatrice me fatigue, dit-elle. La science a toujours été la clé de tout. Les sorciers et les sorcières n’ont jamais été rien d’autre que des savants. La magie noire s’évertuait à être une science. Mary Shelley était une visionnaire. Les poètes sont toujours des visionnaires. Même les enfants le comprennent lorsque, au théâtre, ils voient le docteur Frankenstein assembler les pièces du monstre et lui insuffler la vie au beau milieu d’une tempête d’électricité.

— Ce n’est qu’un roman d’horreur, Rowan. Lasher a influencé votre conscience.

— Vous m’insultez, dit-elle en se penchant au-dessus de la table. Vous êtes vieux et il ne vous reste que peu d’années. Je vous aime à cause de ce que vous m’avez donné et je ne veux pas vous faire du mal. Mais ne me provoquez pas, et lui non plus. Ce que je vous dis est la vérité.

Il ne répondit pas. Il était d’un calme déroutant. Elle trouva soudain insondables ses petits yeux noisette et s’émerveilla de la force du vieil homme. Elle sourit.

— Vous ne croyez pas ce que je vous dis ? Vous ne voulez pas l’écrire dans le dossier ? Je l’ai compris dans le laboratoire de Lemle quand j’ai vu ce fœtus raccordé à un tas de tuyaux. Vous n’avez jamais su pourquoi j’ai tué Lemle, n’est-ce pas ? Vous savez que je l’ai fait mais vous en ignorez la cause. Lemle dirigeait un projet à l’Institut. Il prélevait des cellules sur des fœtus vivants et les utilisait pour des transplants. Vous imaginez les perspectives que cela ouvre ! Alors imaginez ce que cela donnerait avec des cellules de Lasher, des cellules qui ont supporté et transporté des connaissances sur des milliards d’années.

— Je veux que vous demandiez à Michael de revenir.

— Michael ne peut pas l’arrêter. Je suis la seule à le pouvoir. Laissez Michael là où il est, hors de danger. Vous voulez qu’il meure aussi ?

— Ecoutez-moi. Vous pouvez fermer votre esprit à cette créature. Vous pouvez lui cacher vos pensées rien qu’avec votre volonté. Essayez et vous verrez.

— Et pourquoi le ferais-je ?

— Pour vous donner du temps. Pour prendre une décision en toute conscience.

— Non, vous ne comprenez pas l’étendue de son pouvoir. Vous ne l’avez jamais comprise. Vous ignorez à quel point il me connaît bien. Ce qu’il sait de moi est le point central de tout. (Elle secoua la tête.) Je ne veux pas faire ce qu’il veut, vraiment pas. Mais il est irrésistible, voyez-vous.

— Et Michael ? Et vos projets de Mayfair Médical ?

— Ellie avait raison. Je n’aurais jamais dû revenir. Il s’est servi de Michael pour que je revienne. Je savais que Michael était à La Nouvelle-Orléans et comme une chienne en chaleur, je suis venue à cause de ça !

— Vous ne dites pas la vérité. Montez avec moi et restez auprès de moi.

— Vous n’êtes qu’un idiot. Je pourrais vous tuer à n’importe quel moment et personne ne le saurait jamais. A part les membres du Talamasca et votre ami Michael Curry. Mais que pourraient-ils faire ? C’est fini, Aaron. Je pourrais lutter et gagner quelques points contre lui mais je ne l’emporterais jamais. Le rôle de Michael était de me ramener et de me faire rester ici et c’est ce qu’il a fait.

Elle voulut se lever mais il lui prit la main.

— Et votre enfant, Rowan ?

— Michael vous a dit ?

— Il n’a pas eu besoin de le faire. Michael a été envoyé pour vous aimer, de sorte que vous chassiez cette créature une bonne fois pour toutes. Pour que vous ne livriez pas cette bataille seule.

— Cela non plus on ne vous l’a pas dit ?

— Non. Et à vous non plus.

Elle dégagea sa main.

— Partez, Aaron ! Partez très loin. Cachez-vous dans la maison mère d’Amsterdam ou de Londres. Vous allez mourir, sinon. Et si vous appelez Michael pour lui dire de revenir, je vous jure que je vous tuerai de mes propres mains.

Le lien maléfique
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